Ossiam : Tout le monde connaît aujourd’hui l’objectif à long terme de l’Accord de Paris sur le climat : maintenir l’augmentation de la température moyenne de la planète sous le seuil de 2°C par rapport aux niveaux préindustriels.
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Par Carmine de Franco, Responsable de la Recherche d’Ossiam
Simples et prospectifs, les scores de températures sont devenus un indicateur essentiel de la gestion financière durable. Sensibilisés, les investisseurs, institutionnels comme particuliers, veulent désormais savoir si une société donnée ou un portefeuille tout entier respectent l’objectif de l’Accord de Paris. Si mon portefeuille représentait l’économie mondiale, quelle serait l’estimation de l’augmentation probable de la température sur Terre ?
Pour le savoir, il faut le calculer ! Or, les deux méthodes d’agrégation des scores de température (1) divergent de manière majeure, faisant peser sur les investisseurs un risque de forte sous-estimation de la « température de leur portefeuille ». La plus populaire, la plus simple aussi, est l’approche WAT (Weighted Average Temperature). La seconde, plus complexe, est l’approche CWT (Carbon Weighted Temperature). En résumé, WAT est une moyenne pondérée des scores de température de chaque entreprise, dont les poids sont proportionnels au montant investi dans chaque société; CWT augmente la sensibilité de la température du portefeuille aux sociétés les plus sensibles aux risques climatiques. Par construction, le CWT dépend fortement des sociétés et des secteurs aux bilans carbones les plus élevés.
Les conséquences de ces divergences méthodologiques peuvent sembler techniques mais elles sont extrêmement concrètes. Pour preuve, quand WAT juge les 3 principaux indices Actions, le MSCI World, le S&P 500 et le Stoxx Europe 600, en ligne avec la limite haute fixée par l’Accord de Paris (2°C), le CWT (2) les voit tous les trois au-delà des 3°C… En détail, les contributions relatives de chaque secteur de l’indice MSCI World permettent de mieux comprendre ce grand écart. Chez WAT, l’alignement en température est principalement lié à la composition sectorielle de l’indice. Chez CWT, l’énergie, les matériaux et les services aux collectivités affichent une contribution combinée de plus de 70 %, alors que leur poids n’atteint pas les 15 % !
Il est de la responsabilité du gérant de faire le bon choix car il sera lourd de conséquence sur les arbitrages vers des portefeuilles engagés dans les enjeux climatiques. Selon nous, l’approche WAT n’est pas satisfaisante et nous lui préférons l’approche CWT qui prend en compte une réalité : les sociétés au bilan carbone élevé ont un impact fort sur la « température globale des portefeuilles ». Parce que les données sont un enjeu majeur de l’Investissement Socialement Responsable (ISR), nous avons tous intérêts à adopter collectivement des méthodes plus transparentes et plus réalistes.
(1) Ces deux méthodes figurent sur la liste des options proposées par CDP Worldwide et WWF.
(2) Les chiffres de l’approche CWT sont en ligne avec ceux de l’UNEP (2022). Qui stipule que, compte tenu des politiques actuellement appliquées, la probabilité de finir à 2,8°C à la fin de ce siècle est de 66 %. Ces chiffres sont également en ligne avec les scénarios SSP-2.6 et SSP- 4.5 du GIEC (2022). A titre de comparaison, l’approche WAT sous-estime de l’ordre de 60 % l’alignement en température des trois indices (de 53 % pour l’indice MSCI World à 64 % pour l’indice S&P500).
Source: ETFWorld.fr
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