Ossiam : Tout le monde mange ! Cette réalité nous impose de regarder les choses en face : notre alimentation est au cœur des enjeux de protection de la biodiversité.
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Par Frédéric Bach, Responsable ESG et ISR
Deux chiffres suffisent à se figurer l’ampleur de la tâche : le secteur agroalimentaire est responsable d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et exploite la moitié des terres habitables de la planète. Jusqu’à présent, l’industrie financière, en manque de données, s’est concentrée sur le financement de projets locaux et de greentech dont la raison d’être est de stopper, voire d’inverser, la perte de biodiversité. Par exemple, les protéines alternatives ont certes un écho médiatique donc pédagogique, mais négligeable en termes d’impact réel. Il est donc de la responsabilité des gérants d’aller au-delà du symbole et de s’engager de manière réaliste en faveur de la transition de l’ensemble d’un secteur agroalimentaire qui nourrit l’Humanité.
Aujourd’hui, c’est possible. Grâce aux avancées dans le monde universitaire, les investisseurs, jusqu’à présent plongés dans le noir, commencent à y voir plus clair. Des mesures innovantes permettent de mesurer l’abondance moyenne des espèces (comme le MSA, Mean Species Abundance) ; des modèles efficaces, comme celui développé par le Stockholm Resilience Center, calculent les limites planétaires pour une « utilisation » pérenne pour l’Humanité des systèmes terrestres. En associant ces deux nouvelles données objectives, les gérants n’ont plus d’excuses pour ne pas les intégrer à leur processus d’investissement !
Par exemple, pour construire un portefeuille diversifié de 50 valeurs équilibrées entre les sous-jacents de la chaîne agroalimentaire, et ce dans un univers de plus de 250 grandes capitalisations boursières, une stratégie quantitative et systématique est désormais possible : appliquer un filtre « best-in-class » qui élimine les actions les moins performantes d’un point de vue ESG et empreinte sur la biodiversité, puis un filtre d’exclusion (tabac, huile de palme, non-respect des normes internationales de pratique des affaires…) et enfin, minimiser les niveaux de la MSA, tout en (i) améliorant les contributions aux Objectifs de Développement Durable (ODD), (ii) réduisant l’empreinte carbone absolue, et (iii) s’assurer d’un alignement à la limite de 2°C fixée par l’Accord de Paris.
Mais ce n’est qu’un début. Sans données, pas de stratégie d’investissement ! Les entreprises sont à la manœuvre, mais là encore, les gérants ont un rôle majeur à jouer pour placer la biodiversité au cœur des portefeuilles, et pour cela, ils disposent aujourd’hui de plusieurs leviers : la collaboration avec des experts des risques ESG, la promotion de la santé en améliorant la valeur nutritionnelle des portefeuilles de produits et en adoptant des pratiques commerciales responsables ; sans oublier, l’intégration d’indicateurs de biodiversité dans la gouvernance des entreprises de l’agroalimentaire, comme par exemple dans la politique de rémunération des dirigeants. Les gérants doivent s’engager tous azimuts !
Source: ETFWorld.fr
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